Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/12

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gne tout le long de la ligne Aequinoctiale. Mais aydez de la grace de Dieu, nous gaigniõs touſiours païs pour peu que ce fuſt : & ce qui eſt digne d’admiration, au lieu auquel preſque tous tombent malades, & beaucoup meurent, comme il arriua à ceux des deux autres Nauires, nous fiſmes tout ce chemin pour la plus part ſains & gaillards. I’auois pendant tout ce temps, auec vn autre mien compagnon, charge des malades, que i’exerçay du mieux que ie peus, depuis Portugal iuſques à l’autre Tropique, le General nous fourniſſant tres-liberalement de tout ce qui eſtoit neceſſaire aux malades. En ces quartiers là les pluyes y ſont fort frequentes, & ſi dangereuſes & peſtilentes, que ſi vous n’auez ſoin de lauer ſouuent vos habits, & les faire ſeicher au Soleil, ils ſe corrompent & engendrent de la vermine en grande quantité : qui eſt l’vn des plus grands tourments qu’endurẽt les voyageurs. Les tonnerres & fouldres eſpouuentables y ſont auſſi fort frequẽtes, & ce par vne ſpeciale prouidẽce de Dieu, parce qu’elles pouſſent auant les Nauires par les orages qu’elles ameinent, faute de quoy on mourroit en ces lieux de chaleur, & de pauureté. Nous franchiſmes ceſte ligne (ſi bien me ſouuient) le iour de ſainct