Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/13

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Gregoire, le Soleil n’en eſtant arriere que de fort peu de degrez vers le midy, lequel peu de iours apres nous euſmes pour noſtre zenith, ainſi que les ombres qui tomboyent & ſe faiſoient en droicte ligne, le nous monſtroyent clairement. Nous nous ſeruiſmes de là en auant d’vne autre façon de nauiger : car nous trouuaſmes là des vents qu’ils appellent Generaux, d’autant qu’ils regnent touſiours en ce païs là : & ceux qui font ce voyage ſont cõtraints de tirer droit au Braſil, ſe deſtournãs de leur plus court chemin de mille lieuës : de ſorte que nous meſmes qui fiſmes fort heureuſement ce chemin, nous allames à quatre-vingts lieuës prez du Braſil. Il arriue ſouuent que ceux, qui tiennent ceſte route, ſont contraincts de rebrouſſer chemin, & s’en retourner en Portugal, parce que ſi vous vous approchez trop prez de ceſte coſte, vous allez donner dans des rochers qu’on appelle Abrolhos, pour leſquels euiter il faut tourner voile. Ces vents durent juſques au Tropique du Capricorne, duquel on s’en va droict pour doubler le cap de bonne eſperance, qui eſt vn chemin infiniment long. Enuiron ce lieu là nous viſmes vne iſle & vn rocher enormément grand au milieu de la mer, du nom