Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/31

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ils allerent en l’iſle de S. George, voiſine de la citadelle adouber leurs nauires, qui auoiẽt eſté mal traictées par les aſſieges ſur leur partement, & puis s’en allerent laiſsãt au Moſambic (cõme on a ſçeu du deſpuis par les habitãs du lieu, qui traicterent auec eux) non gueres moins de deux cens de leurs gens, perte non petite, attendu qu’ils eſtoient ſi loing de leur païs : & des aſſiegés, il en mouruſt pres de vingt. Nous arriuaſmes donc apres le deſpart des Hollandois plus d’vn mois, vers le 23. de Iuin, que ſi nous euſſions tenu le droict chemin, ſans doubte nous les allions rencontrer. Car ayant paſſé le Cap de bonne eſperance, nous demeuraſmes (ce que i’auois oublië à dire) vingt jours tous entiers les voiles ployées, attendant le bon vent. Eſtans arriuës nous trouuaſmes l’iſle en vn piteux & miſerable eſtat, ſans viures, ſans commoditez, outre que les maiſons bruſlëes, tenoient dans les nauires ceux, qui eſtoient ſi fort amoureux de la terre ferme. Mais deuant mettre pied à terre, il faut que ie raconte à la gloire de Dieu ce que nous fiſmes eſtans encor ſur mer. I’auois charge des malades, ne leur ſeruant pas ſeulement d’enfermier, ains encore de Medecin : car celuy que nous auions, à peine çauoit-il