Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/30

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Dame, & eſtant ſiſe au pied de la citadelle où ils ne pouuoient venir ſans vn euident dãger, & ainſi ſur la fin du mois de May ils font eſtat de s’en aller. Ils auoient peu deuant bruſlé la nauire deſchargée, qui eſtoit venue de Goa, apres auoir eſcumé tout ce qui eſtoit dedans, & emmenerẽt auec eux vn brigãtin du Gouuerneur fort gentil & leger, tout propre pour aller deſcouurir d’vne viteſſe admirable, & en eau baſſe tous les lieux & : riuages d’alentour : il leur faſchoit fort de s’en aller. Ie ne ſçay ſi ce n’eſtoit point vn preſage qu’ils deuoient laiſſer là vn de leurs vaiſſeaux, car deux de leurs nauires ſortoiẽt du port, l’vne couurãt l’autre de la volée des coups de canons, qu’on tiroit de la citadelle : mais comme le port eſt fort eſtroict, l’vne des deux s’enſabla & demeura arreſtée, qui fuſt tout auſſi toſt accueillie des Portugais à grands coups d’artillerie, ſi bien qu’elle fut eſtropiée, & rẽduë du tout inutile au nauigage. Toutesfois quand la marée vint, & qu’ils la peurent mettre en flot, ils l’emmenerent en lieu où ils la peuſsẽt deſpoüiller & deſgarnir tout à loiſir, le reſte demeura là pour l’eſcot, perdant autant en ceſte ſeule nauire, qu’ils pouuoient auoir gaigné de leurs volleries & brigandages. Finalement