Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/43

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ſte nauire & la tranſporter aux autres deux. Le reſte de l’equipage fuſt mis entre les mains des Threſoriers du Roy : pour les perſonnes, les vnes demeurerẽt en l’Iſle, les autres s’embarquerent aux deux nauires reſtãtes. En fin finale, le 3. de Septẽbre, par la grace de Dieu, ayans mis plus noſtre aſſeurance en ſon aide qu’en tout le ſecours humain, nous deſmarames du Moſambic, bien que nous couriõs de grãds dangers de la part des ennemis, n’ayant que deux nauires, & plus encore, ſi vous voulés, des vents cõtraires & du peu de prouiſion qui nous reſtoit. Toute-fois nous eſchapames toutes ces fortunes, ſecourus de l’aſſiſtãce diuine & de vos bõnes prieres. Car eſtãs partis, cõme dict eſt, le 3. jour de Septẽbre, auec vn vent propice, mais violẽt, le meſme jour nous enduraſmes vne telle tourmente, que la plus part des voyageurs furẽt ſaiſis d’vn grãd mal d’eſtomach, pour la deſaccouſtumance de la mer. Le jour d’apres & les ſuiuans, nous n’aduançaſmes guiere, partie à cauſe du vent cõtraire, partie à raiſon de la trop grãde bonace. Ce qui rendoit fort ſuſpẽs tout le mõde, car d’autãt plus que nous demeuriõs, d’autãt plus ſe reculoit la commodité de pouuoir nauiger aux Indes : & les Mariniers craignoient fort