Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/44

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qu’au lieu d’aller auant, il nous faudroit tourner arriere. La force de l’eau, & le flux de la mer, eſt en ces lieux ſi incogneu, que le vent emporte ſouuẽt les vaiſſeaux malgré qu’on en aye, iuſques aux eſcueils de Soffala, qui eſt vne autre Citadelle des Portugais. Au moyen dequoy tout le monde ſe recommandoit à Dieu, car de retoumer au Mozambic, le General n’en vouloit point ouyr parler, & le port de Monbaza eſtoit eſloigné de nous de plus de deux cens lieuës, outre que ceſt endroit eſtoit fort dãgereux iuſque là, qu’on n’y pouuoit paſſer que de iour, & lans que quelqu’vn marchaſt deuan, qui auec vne ſonde tentaſt la profondeur de l’eau, à ceſte occaſion on fait à l’honneur de noſtre Dame (à laquelle noſtre nef eſtoit dediée) vne queſte pecuniaire, puis vne autre en l’honneur de S. Laurens, (l’Iſle duquel eſtoit à main droite) & la 3. en l’honneur de S. Saturnin, que les Matelots inuoquent auec grande confiance, pour obtenir de Dieu le vent fauorable. Ce ne fut pas en vain, pour autant qu’il ne pleut pas tant ſeulement à Dieu, par l’interceſſion de ſes Saincts, de nous bailler les vents en pouppe, ce que nous demandions ſeulemẽt, mais il luy pleuſt de ſurpaſſer & d’aller au delà de tous nos de-