Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/8

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Freres nous vindrent conduire, aux yeux & en face de tout Coimbre, qui s’eſtoit jetté dans les ruës pour nous voir partir : auquel lieu apres auoir recité les Letanies de la Vierge, nous les embraſſames encor vn coup, pleurans à chaudes larmes, qui de regret de nous quitter, qui d’vne ſaincte enuie, qu’ils nous portoient. De là nous prinſmes noſtre route vers Lisbonne vnze que nous eſtions de compagnie, le P. Pierre Gomes Superieur, le P. Iacques Rodriguez, Iean Dias, Laurens de Mendoza, Iacques de Matos, Hieroſme Froez tous Portugais : quatre Italiens, le P. Sebaſtien Minolfi Sicilien, le P. Louys Mariana, Blaiſe Saualle de la Prouince de Veniſe, le premier Brezzan, l’autre Veronois, Iules Ceſar Vertica Milanois, ie faiſois l’vnzieſme pauure miſerable, totalement indigne d’vn tel bon heur, cõme tres-bien ſçauez. Le dernier iour de Ianuier nous montaſmes à bord, mais attendant le vẽt fauorable pour deſmarer, nous demeuraſmes au port à l’anchre iuſques au cinquieſme de Feurier iour de ſaincte Agathe, auquel à la bonne heure nous fiſmes voile en trois grandes Nauires, ou pour mieux dire trois grands chaſteaux, tels que ſont ceux qui vont ordinairement de Portugal en l’Inde. Celle