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nes. Elles pourraient demander aide, conseil, protection, persuadées qu’elles pourraient être d’avance qu’elles rencontreraient, dans le cœur de chaque membre de cette noble association, un désir vrai de les servir en toute chose, et une volonté ferme de chercher tous les moyens d’y parvenir. Enfin, elles ne seraient plus seules dans cet immense Paris, où nous voulons établir le centre de notre première association ; elles pourraient parler de leurs douleurs à des êtres bons et compatissans, qui les accueilleraient avec douceur et intérêt, et qui chercheraient, par tous les moyens possibles, à faire renaître, dans leurs ames abattues, l’espérance et le calme.

Voilà quels sont les avantages moraux que présentera notre Société aux femmes étrangères, avantages qui feront presque disparaître les douleurs qui les accablent à présent.

Nous leur ouvrirons nos bras, nous donnerons des larmes à leurs douleurs, nous travaillerons à diminuer leurs malheurs, nous verserons du baume sur les plaies de leurs cœurs, et nous serons largement récompensés des peines que nous prendrons, par cette joie pure et simple qui vient de l’ame après l’accomplissement d’une bonne et louable action.

Nous sentons parfaitement que la réalisation de notre projet sera difficile. Dès qu’on veut sortir de la route commune, on rencontre mille difficultés. Mais nous nous sentons forte, et nous ne manquerons pas à la tâche que nous nous sommes imposée. La Société, dès sa formation, devra s’occuper entièrement de rattacher à elle des personnes vraiment bonnes et charitables, et capables de servir l’humanité. En un mot, nous suivrons avec ardeur l’esprit de notre Société, qui n’aura qu’une seule pensée, qu’un seul et même but, celui d’améliorer le sort des femmes étrangères.

Maintenant, nous allons répondre à bien des personnes qui viendront nous objecter qu’il y a impossibilité de faire ce que nous proposons, parce qu’il se rencontrera partout, et principalement à Paris, beaucoup de femmes seules et étrangères, qui ne sont pas femmes comme il faut, et comment voulez-vous, nous dira-t-on, qu’on puisse admettre ces femmes dans la bonne société ?

Si nous n’étions point resserrée dans un cadre aussi étroit,