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nous pourrions discuter cette question dans sa généralité avec sa haute portée philosophique et morale. Il nous serait facile de démontrer que presque toujours la cause qui produit le mal est dans la société elle-même, plutôt que dans l’individu qui le commet. La société qui rejette de son sein, sans nulle pitié et sans jamais pardonner, l’individu qui a commis la moindre faute, le met infailliblement dans la cruelle nécessité de continuer dans le sentier du vice. Il y en a peu, bien peu, qui soient doués de cette force presque surhumaine, qui rend l’homme capable de pouvoir s’élever au dessus de la société, et de dédaigner son mépris, en se contentant de la pureté de sa conscience, ou du repentir de ses fautes. « Ramenez au bercail la brebis égarée, » a dit notre Seigneur, et il a dit vrai, car l’homme n’est pas méchant par sa nature et ne peut se plaire dans le vice, mais notre société l’a rendu méchant, et le pousse dans le vice. Beaucoup de ces êtres égarés, et victimes de notre égoïsme, pourraient devenir d’excellens citoyens, tandis qu’à présent ils sont dangereux à la société. Mais cette question trop vaste ne peut pas être discutée dans cette brochure. Plus tard, si nous nous en sentons la capacité, nous essaierons de la traiter à fond.

Supposons que, dans les commencemens, quelques femmes osent réclamer l’assistance de notre société, en s’appuyant sur de faux noms, de faux malheurs, dans le seul but de faire des dupes en s’introduisant dans le monde. Eh bien ! ce cas même arriverait-il, que ni les membres qui les présenteront, ni les personnes qui les recevront ne pourraient se trouver compromis en aucune manière ; car ce ne seront pas elles personnellement qu’on recevra, mais elles sous leur titre d’Étrangères, et à cette recommandation on leur prodiguera les égards et les soins que leur position exigera.

Si une de ces femmes n’était pas une femme honnête, disons le mot, qu’elle fût une intrigante, la bonne société qui l’aurait reçue n’en serait pas responsable ; on remplirait envers elle les devoirs de l’hospitalité, et si elle n’y répondait pas par des actions louables, on la chasserait de la Société en faisant connaître publiquement son indigne conduite.

Nous allons d’ailleurs préciser les devoirs que toute Étrangère aura à remplir envers la Société, et nous espérons qu’ensuite