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Chaque Étrangère, en se présentant à la Société, sera tenue de faire connaître ses noms véritables (si elle en porte un supposé, elle pourra le garder pour le monde, si cela lui convient), les causes pour lesquelles elle a quitté son pays, le lieu de sa demeure, et enfin quels sont ses moyens d’existence ; le tout sous le sceau du secret, si elle le croit convenable. Ce sont là les conditions sans lesquelles il est inutile qu’aucune Étrangère se présente ; et nous sommes bien persuadés que les femmes sensées et vertueuses, loin de les trouver trop sévères, seront contentes des garanties qu’elles présentent.

Suivons les saintes impressions du cœur, multiplions les sociétés dans l’esprit de la nôtre, et nous marcherons dans le sentier du progrès.

Les malheurs de notre époque proviennent de ce que les hommes n’ont aucune croyance arrêtée. Le vague qui, d’abord, produit dans leur esprit mille systèmes, mille rêveries, et ensuite un désillusionnement complet et un vide affreux, les amènent naturellement au matérialisme et à l’égoïsme, qui dessèchent leur cœur et leur font maudire leur existence.

Mais nous avons devant nous une croyance, une religion, la plus belle, la plus sainte : l’amour de l’humanité. Là, point de système incompréhensible, point de superstition, point de but indéterminé. Le bien des masses est aussi celui de l’individu, et l’étendard de cette religion peut réunir à elle toutes les autres, car c’est l’esprit du Christ.

Soyons philanthropes et soulageons les femmes, car les femmes sont la poésie, sont l’art dans le genre humain, et sans poésie, sans art, il ne peut y avoir rien de parfait. Loin de nous l’idée de rêver une vie purement métaphysique ; mais l’homme est un être à la fois physique et moral, et il ne sera jamais heureux que lorsqu’il agira selon les besoins de sa double nature.

Les bienfaits qui résulteront de l’association que nous venons offrir s’étendront dans toutes les classes de la Société. Les femmes deviendront plus instruites, moins frivoles, plus grandes, plus aimantes ; les hommes en seront meilleurs, encore plus forts, et plus puissans à faire le bien ; car le bonheur redouble les forces morales anéanties par la souffrance, comme la santé augmente les forces physiques.