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les cas où l’on pourrait avoir à craindre d’être trompé deviendront bien rares.

La femme qui voudra avoir recours aux bénéfices de la Société dite pour les Étrangères devra bien se persuader d’abord qu’elle se présente à une association toute sainte, toute philanthropique, dont les pensées, les actions, le but sont nobles, généreux et inspirés par la vertu. Elle devra penser qu’à côté de la vertu marche toujours sa compagne inséparable la sévérité, scrutant sans cesse les mœurs, les actions et jusqu’aux paroles. Elle devra penser que le courage et l’abnégation de soi-même, qui portent à se dévouer pour secourir le malheur, pour protéger le faible et les innocens, pour consoler les douleurs, ne peuvent se trouver que dans des ames d’une nature inexorable pour tout ce qui sera vice, mensonge ou tromperie.

Des lois[1] morales seront établies pour notre Société, et des lois plus sévères qu’aucun code n’a pu en publier jusqu’ici. Nous aurons pour devise, écrite en grosses lettres sur la porte du local où se tiendront les réunions, ces trois mots : Vertu, Prudence, Publicité. Vertu signifiera, pour nous, amour entier et complet de l’humanité, indulgence raisonnée, pardon pour toutes les fautes qui, n’ayant pas atteint le cœur, ne seront pas des maladies sans remède. Le mot prudence servira à nous rappeler que, dans notre siècle, les hommes ne sont que trop inclinés à tromper leurs semblables, et qu’il faut se tenir à l’abri de tous les piéges ; il servira aussi à nous rappeler la prudence et la discrétion qu’on doit aux Étrangères timides qui viendront réclamer nos secours. Et enfin publicité nous imposera le devoir impérieux de dénoncer au public le vice, l’intrigue et la méchanceté. Oui, notre Société offrira aux Étrangères un lieu de refuge, de consolation, de douces joies ; mais si elles n’en étaient pas dignes, ce serait pour elles un tribunal fatal qui ferait retentir partout le cri de réprobation qui doit peser sur le vice incorrigible.

D’après cette profession de foi, nous croyons qu’il est impossible qu’il se trouve des femmes assez osées pour venir à nous sous le voile de l’hypocrisie.

  1. La formule du serment développera la nature de ces lois qui ne peuvent pas trouver leur place ici.