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sa famille, ses compagnes d’infortune. Il résulte de cette position qu’il serait de la plus haute importance au point de vue de l’amélioration intellectuelle, morale et matérielle de la classe ouvrière, que les femmes du peuple reçussent dès leur enfance une éducation rationnelle, solide, propre à développer tous les bons penchants qui sont en elles, afin qu’elles pussent devenir des ouvrières habiles dans leur métier, de bonnes mères de famille capables d’élever et de diriger leurs enfants et d’être pour eux, comme le dit la Presse, des répétiteurs naturels et gratuits des leçons de l’école, et afin qu’elles pussent servir aussi d’agents moralisateurs pour les hommes sur lesquels elles ont action depuis la naissance jusqu’à la mort.

Commencez-vous à comprendre, vous, hommes, qui criez au scandale avant de vouloir examiner la question, pourquoi je réclame des droits pour la femme ? — pourquoi je voudrais qu’elle fût placée dans la société sur un pied d’égalité absolue avec l’homme, et qu’elle en jouit en vertu du droit légal que tout être apporte en naissant ?

Je réclame des droits pour la femme, parce que je suis convaincue que tous les malheurs du monde proviennent de cet oubli et mépris qu’on a fait jusqu’ici des droits naturels et imprescriptibles de l’être femme. — Je réclame des droits pour la femme, parce que c’est l’unique moyen qu’on s’occupe de son éducation, et que de l’éducation de la femme dépend celle de l’homme en général, et particulièrement celle de l’homme du peuple. — Je réclame des droits pour la femme, parce que c’est le seul moyen d’obtenir sa réhabilitation devant l’église, devant la loi et devant la société, et qu’il faut cette réhabilitation préalable pour que les ouvriers soient eux-mêmes réhabilités. — Tous les maux de la classe ouvrière se résument par ces deux mots : Misère et ignorance, ignorance et