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tions possibles, faire comprendre à l’enfant que notre globe est un grand corps humanitaire dont les nations diverses représentent les viscères, les membres et les principaux organes ; dont les individus représentent les artères, les veines, les nerfs, les muscles, et jusqu’aux fibres les plus tenues ; que toutes les parties de ce grand corps sont aussi étroitement liées entre elles que les diverses parties du corps humain, toutes s’entr’aidant les unes les autres, et puisant la vie à la même source… ; qu’un nerf, qu’un muscle, qu’un vaisseau, qu’une fibre, ne peuvent pas souffrir sans que le corps tout entier ne se ressente de leur souffrance. — De même, lorsqu’un pied, un bras ou un doigt nous fait mal, tout notre corps est malade. — Rien de plus facile à faire comprendre à l’enfant. que cette indivisibilité du grand corps humanitaire et cette solidarité des nations et des individus. — Si jusqu’à présent, cette figure n’a pas été introduite dans l’enseignement, la faute en est aux opinions religieuses et politiques qui ont divisé les nations et les individus.

55. Au moyen de cette figure, reproduite sons toutes les formes, selon l’esprit de l’élève, les enfants finiront pas comprendre parfaitement qu’en aimant et servant leurs frères en l’humanité, c’est en définitive eux-mêmes qu’ils aiment et servent, et qu’en haïssant et faisant du mal à leurs frères en l’humanité, c’est en definitive eux-mêmes qu’ils haïssent et à qui ils font du mal.

56. Qu’on ne vienne pas dire qu’une semblable morale ne serait que la légitimation de l’égoïsme. Ceux qui jugent ainsi sont de petits esprits à courte vue. — Aimer et servir soi-même en l’humanité, c’est aimer et servir la créature de Dieu — Et n’est-ce pas en ce sens que Jésus l’a compris, lorsqu’il disait :