Page:Tristan - Union ouvrière, 1844 (2e édition).pdf/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XXXII

d’un amour si grand, d’une force si puissante, qu’aucune fatigue, aucune humiliation ne m’effrayèrent plus. — Je me décidai à aller moi-même quêter de porte en porte jusqu’à ce que j’eusse les 1,200 fr. nécessaires. — Ce projet entra si subitement dans mon esprit ; qu’il me semblait qu’une volonté étrangère à moi me commandait d’agir. — Prendre une grande feuille de papier ; écrire en tête : — APPEL À TOUTES LES PERSONNES D’INTELLIGENCE ET DE DÉVOUEMENT, — nous leur demandons leur concours pour faire imprimer le livre de l’UNION-OUVRIÈRE ; — inscrire mon nom le premier ; faire signer ma fille, ma domestique, mon porteur d’eau ; courir aussitôt chez mes amis pour leur expliquer ma résolution, tout cela fut l’affaire de vingt-quatre heures.

Ma tâche, je dois le faire observer, était bien autrement difficile que celle du curé de Saint-Sulpice. Il agissait, lui, en l’UNION CATHOLIQUE ; or, il était sûr de rencontrer presque partout aide, sympathie, bon accueil, confiance, approbation et louange : — tandis que moi j’agissais isolément, et avec la presque certitude que je serais généralement mal accueillie.

Puisque je donne ces explications en vue de l’enseignement qu’on en peut tirer, qu’on