Page:Tristan - Union ouvrière, 1844 (2e édition).pdf/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 4 —

citude du Gouvernement sur les dangers que court la société en face de 7 à 8 millions d’ouvriers exaspérés par la souffrance et le désespoir, et dont un grand nombre se trouve placé entre le suicide… ou le vol !…

Ouvriers, que peut-on dire maintenant pour la défense de votre cause ?… Depuis vingt-cinq ans, tout n’a-t-il pas été dit et redit sous toutes les formes jusqu’à satiété ? Il n’y a plus rien à dire, plus rien à écrire, car votre malheureuse position est bien connue de tous. Il ne reste qu’une chose à faire : agir en vertu des droits inscrits dans la Charte.

Or, le jour est venu où il faut agir, et c’est à vous, à vous seuls, qu’il appartient d’agir dans l’intérêt de votre propre cause. — Il y va pour vous de la vie… ou de la mort ! de cette mort horrible qui tue à chaque instant : la misère et la faim !

Ouvriers, cessez donc d’attendre plus longtemps l’intervention qu’on réclame pour vous depuis vingt-cinq ans. L’expérience et les faits vous disent assez que le Gouvernement ne peut ou ne veut pas s’occuper de votre sort quand il est question de l’améliorer. — De vous seuls il dépend de sortir, si vous le voulez fermement, du dédale de misères, de douleurs et d’abaissement où vous languissez. Voulez-vous assurer à vos enfants le bénéfice d’une bonne éducation industrielle, et à vous-mêmes la certitude du repos dans votre vieillesse ? — Vous le pouvez.

Votre action, à vous, ce n’est pas la révolte à main armée, l’émeute sur la place publique, l’incendie ni le pillage. — Non ; car la destruction, au lieu de remédier à vos maux, ne ferait que les empirer. Les émeutes de Lyon et de Paris sont venues l’attester. — Votre action, à vous, vous n’en avez qu’une, légale, légitime avouable devant Dieu et les hommes : C’est l’UNION UNIVERSELLE DES OUVRIERS ET DES OUVRIÈRES.

Ouvriers, votre condition dans la société actuelle est misérable, douloureuse : — En bonne santé, vous n’avez pas droit au travail ; — Malades, infirmes, blessés, vieux, vous n’avez pas même droit à l’hôpital ; — Pauvres, manquant de tout, vous n’avez pas droit à