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PALAIS pour retraite à vos vieux travailleurs. — C’est à vous, ouvriers qui construisez les palais des rois, les palais des riches, les temples de Dieu, les maisons et asiles où s’abrite l’humanité, qu’il appartient de construire enfin un asile où vous puissiez mourir en paix, vous qui n’avez eu encore ou reposer vos têtes que l’hôpital, quand il y a place. — À l’œuvre donc ! à l’œuvre !  !

Ouvriers, réfléchissez bien à l’effort que je viens tenter auprès de vous afin de vous arracher à la misère. Oh ! si vous ne répondiez pas à cet APPEL D’UNION, si, par égoïsme ou par insouciance, vous refusiez de vous UNIR…, que pourrait-on faire désormais pour vous sauver ?

Frères, une pensée désolante vient frapper au cœur tous ceux qui écrivent pour le peuple, c’est que ce pauvre peuple est tellement abandonné, tellement surchargé de travail dès le bas âge, que les trois quarts ne savent pas lire et l’autre quart n’a pas le temps de lire. — Or, faire un livre pour le peuple, c’est jeter une goutte d’eau dans la mer. C’est pourquoi j’ai compris que si je me bornais à mettre mon projet D’UNION UNIVERSELLE sur le papier, tout magnifique qu’il est, ce projet serait lettre morte, comme il a été de tant d’autres plans déjà proposés. J’ai compris que, mon livre publié, j’avais une autre œuvre à accomplir, c’est d’aller moi-même, mon projet d’union à la main, de ville en ville, d’un bout de la France à l’autre, parler aux ouvriers qui ne savent pas lire et à ceux qui n’ont pas le temps de lire. — Je me suis dit que le moment est venu d’agir ; et pour celui qui aime réellement les ouvriers, qui veut se dévouer corps et âme à leur cause, il y a une belle mission à remplir. Il faut qu’il suive l’exemple donné par les premiers apôtres du Christ. — Ces hommes, bravant la persécution et les fatigues, prenaient une besace et un bâton, et s’en allaient de pays ea pays prêchant la LOI NOUVELLE : la fraternité en Dieu, l’union en Dieu. — Eh bien ! pourquoi, moi femme qui me sens foi et force n’irais-je pas, de même