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savants ouvrages écrits par nos célèbres économistes.

Après nous avoir montré le compagnonnage tel qu’il est aujourd’hui, les trois ouvriers-écrivains, chacun selon son caractère et sa manière de voir, ont proposé des réformes notables aux diverses associations du compagnonnage (M. P. Moreau surtout). Sans nul doute, ces réformes pourraient améliorer les mœurs des ouvriers ; mais, je dois le dire, ce qui m’a frappée, c’est de voir que parmi les améliorations proposées par MM. Perdiguier, Moreau et le père des forgerons, aucune n’était de nature à apporter une amélioration véritable et positive dans la situation matérielle et morale de la classe ouvrière. — En effet, supposons que toutes ces réformes puissent se réaliser ; supposons que, selon le vœu de M. Perdiguier, les compagnous ne se battent plus entre eux ; — que, selon le vœu de M. Moreau, toute distinction de métiers ait disparu, et que le compagnonnage ne forme plus qu’une Union générale ; — que, selon le vœu du père des forgerons, les compagnons ne soient plus exploités par les cabaretiers (mères) : — certes, ce serait là de beaux résultats ! — Eh bien ! je le demande en quoi ces réformes changeraient-elles la position précaire et misérable où se trouve plongée la classe ouvrière ? — En rien, ou au moins en très peu de chose.

Je ne sais comment m’expliquer pourquoi ces trois ouvriers-écrivains, qui ont fait preuve de tant d’intelligence lorsqu’il s’agit de signaler de petites réformes particulières, n’ont pas songe à proposer un plan d’union générale, dont le but serait de placer la classe ouvrière dans une position sociale qui la mette à même de pouvoir réclamer son droit au travail, son droit à l’instruction, et son droit à la représentation devant le