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thie, sont très utiles, parce qu’elles relient les ouvriers entre eux, les moralisent par le cœur, adoucissent leurs mœurs et allègent leurs cruelles souffrances. — Mais cela est-il suffisant ? non, certes non ! — puisqu’en définitive ces sortes de sociétés ne peuvent (et elles n’en ont pas la prétention) changer en rien ni même améliorer la position matérielle et morale de la classe ouvrière. — Le père, membre d’une de ces sociétés, vit misérable, souffre et n’a point l’espoir consolant de penser que ses fils seront mieux que lui ; ceux-ci, à leur tour, membres de la même société, vivront, comme leur père, misérables, sans nul espoir que leurs enfants seront mieux qu’eux. Remarquons le bien, toute société qui agit au nom de l’individualité, et se propose pour but le soulagement temporaire de l’individu, offre invariablement le même caractère. — Malgré tous ses efforts elle ne pourra rien créer de grand, de bon et capable d’amener un résultat notable[1]. — Ainsi, avec vos sociétés particulières, telles qu’elles sont établies depuis le roi Salomon jusqu’à ce jour, Ouvriers, dans cinquante siècles la position matérielle et morale de la classe ouvrière n’aura pas changé ; elle aura toujours pour lot LA MISÈRE, L’IGNORANCE et L’ESCLAVAGE,

  1. Depuis l’établissement du christianisme, il y a toujours eu dans les pays chrétiens des milliers de sociétés dites charitables, dont le but était de soulager les souffrances individuelles de la classe pauvre. — Eh bien ! malgré les bonnes intentions de ces sociétés, la classe pauvre est toujours restée aussi pauvre. — En Angleterre, où la classe pauvre littéralement meurt de faim, il existe pourtant un nombre infini de ces sociétés charitables. De plus, la charité forcée, la taxe des pauvres, s’élève de 2 à 300 millions par année, sans y comprendre l’Écosse ni l’Irlande (l’Angleterre a 12 millions d’habitants). — Tous les ans cette taxe des pauvres augmente ; eh bien ! la pauvreté de la classe ouvrière augmente sur une échelle beaucoup plus grande encore