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comprendre que le peuple, s’il veut sortir de l’esclavage, doit commencer d’abord par former une vaste UNION, compacte, solide, indissoluble, car l’union fait la force, et, pour réclamer ses droits, pour fixer l’attention générale sur la justice d’une réclamation, il faut avant tout se mettre en position de pouvoir parler avec assez d’autorité pour se faire écouter.

La position de la classe ouvrière en France ne peut se comparer en rien à la cruelle position du peuple irlandais. — L’Irlande, pays conquis, mais dont l’esprit indépendant ne peut se résigner à porter le joug de l’oppression, réclame auprès de ses seigneurs et conquérants des droits religieux, politiques et civils. — Le seul énoncé de cette réclamation prouve que ce malheureux peuple est traité en esclave, puisqu’il ne jouit d’aucun droit. — Chez nous, au moins en principe, et c’est beaucoup, il n’y a plus d’esclaves devant la loi, du moins parmi la population mâle.

Quelle est aujourd’hui la position sociale de la classe ouvrière en France, et quels droits lui reste-t-il à réclamer ?

En principe, la loi organique qui régit la société française depuis la déclaration des droits de l’homme de 1791 est la plus haute expression de la justice et de l’équité, car cette loi est la reconnaissance solennelle qui légitime la sainteté du principe de l’égalité absolue, et non-seulement de cette égalité devant Dieu demandée par Jésus, mais cette égalité vivante pratiquée au nom de l’esprit et au nom de la chair devant l’humanité.

Ouvriers, voulez-vous savoir quels sont vos droits en principe ? — Ouvrez le livre de la loi, qui régit la société française et voyez :

Art. 1er. Les Français sont égaux devant la loi, quels que soient d’ailleurs leurs titres et leurs rangs.

Art. 2. Ils contribuent indistinctement, dans la