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VIII

ce jour, 15 décembre, j’ai reçu de quatre-vingt-sept ouvriers, ou sociétés de compagnonnage et autres, de Paris et de la province, deux cent trente-sept lettres[1], plus un grand nombre de visites d’ouvriers, tous venant me demander que je leur indiquasse comment ils pourraient servir la cause.

Toutes ces lettres, sauf quelques-unes, sont rédigées dans le même esprit, et expriment les mêmes sentiments. — À la vérité, il n’en pouvait être autrement, puisque ceux-là seuls qui sympathisent avec mes idées m’ont écrit et sont venus à moi. Tous me témoignent le désir ardent qu’ils ont de s’unir. « Nous sommes bien convaincus, disent-ils, que l’union fait la force, aussi nous désirons de tout notre cœur de pouvoir nous unir, et nous vous promettons que, sous ce rapport, vous nous trouverez bien résolus à suivre les bons conseils que vous nous donnez dans votre petit livre. — Seulement ce qui nous embarrasse, c’est que c’est bien difficile, parce que chacun de son côté est divisé. »

Tous désirent donc s’unir afin d’être forts : aujourd’hui tous les ouvriers ont le sentiment de leur faiblesse et souffrent de leur isolement.

Maintenant il faut bien dire toute la vérité : — les hautes et importantes questions d’économie sociale, traitées dans le livre de l’UNION OUVRIERE, n’ont pas été comprises par les ouvriers (excepté quelques-uns).

  1. Je n’ai pas reçu une seule lettre d’ouvrière. — Seulement, deux jeunes ouvrières blanchisseuses sont venues me voir de leur. propre mouvement et m’ont offert de m’apporter chacune 2 fr. tous les trois mois, me priant d’employer cet argent au service de la cause. — Une troisième femme du peuple m’a été amenée. — Pas d’autres manifestations de la part des femmes ouvrières. Cela fait donc 3 femmes sur 87 hommes.