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y va pour vous de vos intérêts matériels à bien comprendre pourquoi je mentionne toujours les femmes en les désignant par : ouvrières ou toutes.

Pour celui dont l’intelligence est illuminée par les rayons de l’amour divin ; l’amour de l’humanité, il lui est facile de saisir l’enchaînement logique des rapports qui existent entre les causes et les effets. — Pour celui-là, toute la philosophie, toute la religion, se résument par ces deux questions : — la première : — comment on peut et l’on doit aimer Dieu et le servir en vue du bien-être universel de tous et de toutes en l’humanité ? — La seconde : — comment on peut et l’on doit aimer et traiter la femme, en vue du bien-être universel de tous et de toutes en l’humanité. Ces deux questions ainsi posées sont, selon moi, la base sur laquelle doit reposer, en vue de l’ordre naturel, tout ce qui se produit dans le monde moral et le monde matériel (l’un découle de l’autre).

Je ne crois pas que ce soit ici la place de répondre à ces deux questions. — Plus tard, si les ouvriers m’en manifestent le désir, je traiterai très volontiers avec eux métaphysiquement et philosophiquement les questions de l’ordre le plus élevé. Mais, pour le moment, il nous suffit de poser ici ces deux questions, comme étant la déclaration formelle d’un principe absolu.

Sans remonter directement aux causes, bornons-nous à examiner les effets.

Jusqu’à présent, la femme n’a compté pour rien dans les sociétés humaines. — Qu’en est-il résulté ? — Que le prêtre, le législateur, le philosophe, l’ont traitée en vraie paria. La femme (c’est la moitié de l’humanité) a été mise hors l’Église, hors la loi, hors la société[1]. — Pour elle, point de fonctions dans

  1. Aristote, moins tendre que Platon, posait, sans la résoudre, cette question : Les femmes ont-elles une âme ? question que