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des artistes, des poètes, des écrivains, des hommes d’État, des financiers, qui jetèrent sur la France un lustre que jamais elle n’avait eu. — Alors la gloire militaire vint la couvrir comme d’une auréole ; les découvertes scientifiques l’enrichirent, les arts l’embellirent ; son commerce prit une extension immense, et en moins de 30 ans la richesse du pays tripla. La démonstration par les faits est sans réplique. — Aussi tout le monde convient aujourd’hui que les hommes naissent indistinctement avec des facultés à peu près égales, et que la seule chose dont on devrait s’occuper, serait de chercher à développer toutes les facultés de l’individu en vue du bien-être général.

Ce qui est arrivé pour les prolétaires est, il faut en convenir, de bon augure pour les femmes lorsque leur 89 aura sonné. — D’après un calcul fort simple, il est évident que la richesse croîtra indéfiniment le jour où l’on appellera les femmes (la moitié du genre humain) à apporter dans l’activité sociale leur somme d’intelligence, de force et de capacité. — Ceci est aussi facile à comprendre que 2 est le double de 1. Mais, hélas ! nous ne sommes pas encore là, et en attendant cet heureux 89 constatons ce qui se passe en 1843.

L’Église ayant dit que la femme était le péché ; le législateur, que par elle-même elle n’était rien, qu’elle ne devait jouir d’aucun droit ; le savant philosophe, que par son organisation elle n’avait pas d’intelligence, on en a conclu que c’était un pauvre être déshérité de Dieu, et les hommes et la société l’ont traitée en conséquence,

Je ne connais rien de puissant comme la logique forcée, inévitable, qui découle d’un principe posé ou de l’hypothèse qui le représente : — L’infériorité de la femme une fois proclamée et posée comme principe, voyez quelles conséquences désastreuses il en résulte