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pour le bien-être universel de tous et de toutes en l’humanité.

Croyant que la femme, par son organisation manquait de force, d’intelligence, de capacité et qu’elle était impropre aux travaux sérieux et utiles, on en a conclu très logiquement que ce serait perdre son temps que de lui donner une éducation rationnelle, solide, sévère, capable d’en faire un membre utile de la société. On l’a donc élevée pour être une gentille poupée et une esclave destinée à distraire son maître et à le servir. — À la vérité, de temps à autre quelques hommes doués d’intelligence, de sensibilité, souffrant dans leurs mères, dans leurs femmes, dans leurs filles, se sont récriés, contre la barbarie, et l’absurdité d’un pareil ordre de choses, et ont protesté énergiquement contre une condamnation aussi inique[1]. — À plusieurs reprises la société s’est émue

  1. Voici, entre autres choses, ce que dit Fourier
    « J’ai trouvé dans le cours de mes recherches sur le régime sociétaire beaucoup plus de raison chez les femmes que chez les hommes ; car elles m’ont plusieurs fois donnée des idées neuves qui m’ont valu des solutions de problèmes très imprévues.
    Plusieurs fois j’ai dû à des femmes de la classe nommée primesautier (esprit qui saisit promptement et rend ses idées avec exactitude, sans intermédiaire), des solutions précieuse qui m’avaient mis l’esprit à la torture. Les hommes ne m’ont jamais été d’aucun secours en ce genre.
    Pourquoi ne trouve-t-on pas chez eux cette aptitude aux idées neuves, exemptes de préjugés ? C’est qu’ils ont l’esprit asservi, enchaîné par les préventions philosophiques dont on les a imbus dans les écoles. Ils en sortent la tête farcie de principes contraires à la nature, et ne peuvent plus envisager avec indépendance une idée neuve. Pour peu qu’elle discorde avec Platon ou Sénèque, ils s’insurgent et lancent l’anathème sur celui qui ose contredire le divin Platon, le divin Caton, le divin Raton. »
    (La fausse Industrie, page 326.)