Page:Tristan Bernard - Contes de Pantruche.djvu/111

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une vieille mandore. Et le vieillard, lui aussi, disparut parmi les passants.

Mais voici qu’une autre vieille femme quitta à son tour la grande maison sombre. Celle-là était courte et large. Elle serrait contre sa poitrine un coffret de bronze. Elle s’arrêta un instant sur le seuil, parut hésiter, et se perdit dans la foule.

Où donc s’en étaient allés ces mystérieux personnages, la vieille dame au poignard, le vieux monsieur à la mandore, et l’autre vieille dame au coffret de bronze ? Mais ce n’était pas pour me poser de telles questions que je stationnais depuis trois quarts d’heure devant le sombre bâtiment de l’Hôtel des Ventes.

Il faut vous dire que, la veille au soir, j’avais fait la connaissance d’une femme mariée, d’une grosse femme mariée, de trente-deux ans, à qui j’avais donné rendez-vous, à ce coin de la rue Drouot et de la rue Rossini. Mes affaires avaient marché rondement. Rencontrée aux abords de la gare Saint-Lazare, la grosse dame mariée toléra que je marchasse à ses côtés. Nous causâmes. Quand j’eus appris qu’elle était de