Page:Tristan Bernard - Contes de Pantruche.djvu/117

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Dufiel. — Oui, assez régulièrement.

Soupières. — Je ne te demande pas d’appréciation… Tu pourrais me rendre un sacré service. Fais-moi mon feuilleton d’aujourd’hui. Tu n’as rien à faire.

Dufiel. — Tu es dur. D’ailleurs je n’ai rien à faire. C’est malheureusement juste.

Soupières. — Ça va, hein ? Tu es vraiment chic. D’ailleurs, je touche cinq louis par feuilleton. Ça te fera cinq louis de bon.

Dufiel. — Ça ira complètement si tu peux m’avancer les cinq louis, qui seraient bien reçus à l’heure actuelle. Tu dois être galetteux.

Soupières. — Les voilà. Travaille, mon vieux. Mais ne fais pas bouger l’action. Piétine sur place… Allons ! tu es vraiment chic. Tu connais Coude, le secrétaire de rédaction du Cri national ? Porte-lui la copie comme si je t’en avais chargé, et corrige toi-même les épreuves. Le correcteur est un peu loufoc et Coude passe son temps à faire des réussites avec des dominos. Au revoir, vieux, tu es un chic type !

SCÈNE II

Neuf heures du matin. Le ménage Balbus est encore couché, Auguste Balbus n’étant pas allé au bureau ce matin-là. La jeune madame Balbus attend avec impatience le retour de la bonne qui, en revenant du marché, doit monter le Cri national.


Balbus. — C’est si intéressant, ce feuilleton ?

Mme Balbus. — Oh ! mon chéri, tu n’as pas idée ! Je n’ai