Page:Tristan Bernard - Contes de Pantruche.djvu/118

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jamais vu un aussi beau feuilleton. Je ne comprends pas que tu ne le lises pas.

Balbus. — Est-ce que j’ai le temps de lire ces machines-là ?

Mme Balbus. — Oh ! pour cinq minutes que ça te prendrait chaque jour ! C’est si joli ! Tu ne peux pas t’imaginer. Tu devrais le suivre à partir d’aujourd’hui. Je te mettrai au courant en te racontant le commencement. Il a déjà paru quarante-cinq feuilletons.

Balbus. — De quoi s’agit-il ?

Mme Balbus. — Écoute : Il y a d’abord Claude Fatal, qui est un médecin de village, et qui a recueilli une enfant, une petite fille, qu’il a trouvée dans la neige. Cette petite fille est restée pendant six mois entre la vie et la mort, et le docteur a fini par la sauver. Figure toi que cette petite fille n’était autre que la fille du duc de Chanteclair, qui a épousé en secondes noces une méchante femme qu’on appelle la duchesse Poison. Il ne se doute pas que la duchesse Poison, qui se donnait pour une Italienne, la comtesse de Rollina, est en réalité la femme du vieux médecin, que Claude Fatal a chassée de chez lui un soir d’hiver. Personne ne connaît tous ces secrets-là, qu’un domestique du château, le vieux Parfait.