Page:Tristan Bernard - Contes de Pantruche.djvu/34

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langage à eux, où certains mots, évoquant des souvenirs communs et spéciaux, les font rire aux larmes et ne font rire qu’eux.

Les voici attablés devant la même table du café Canadien. Des pailles plongent dans leurs verres, vides et décolorés. Oreste et Pylade sont là depuis pas mal de temps, et ils s’en iraient volontiers. Mais Pylade guette un geste d’Oreste, qui espère un mouvement de Pylade.

À la fin, Pylade, impatienté : — Paie, toi.

Et Oreste : — Cochon ! Qui est-ce qui a payé la voiture tout à l’heure ?

Pylade : — C’est moi qui ai trinqué presque toute la semaine dernière. C’est bien ton tour.

Oreste : — Est-il râleux, cet oiseau-là ! D’abord je n’ai pas de monnaie.

Pylade : — Tu as changé un louis tout à l’heure…

Et les deux amis continuent. Ce sont deux vrais amis qui ne se gênent plus.