petits services au navire en qualité de chauffeurs et d’aides cuisiniers.
Nous arrivâmes le 16 avril en vue de Zanzibar, ville célèbre, ainsi nommée parce que tous les habitants passent leur temps à jouer des consommations. Le docteur Pionnier fit alors un nouvel appel de fonds, et nous réunîmes, en vidant nos poches, sept mille sept cents francs, dont le chef de l’expédition se servit pour régler de nouvelles dettes de jeu, contractées à bord du steamer.
Le sultan de Zanzibar, très flatté de notre visite, nous invita à sa table et offrit au docteur Pionnier un bateau démontable qui devait nous servir à traverser des rivières. Puis il nous donna une escorte de douze nègres, du tabac à priser et de riches présents, dont quinze paires d’espadrilles.
Avec les hommes que nous avions amenés d’Europe, nous étions bien une vingtaine de blancs. Nous prîmes chacun un morceau du bateau démontable sous notre bras et nous nous acheminâmes gaiement vers Bagamoyo.
La dysenterie cependant faisait des vides dans notre petite troupe. Quand l’un de nous restait en route, on lui prenait son tabac et son morceau de bateau.
Malheureusement plusieurs morceaux de bateau s’égarèrent et quand nous voulûmes reconstituer notre frêle esquif, la moitié de la coque manquait. D’ailleurs il ne devait déjà pas être au complet quand le sultan nous l’avait donné. (Le sultan de Zanzibar a, sur toute la côte orientale, la réputation d’un blagueur à froid.)
Nous arrivâmes fort à propos à Irantouni, petit royaume situé entre Bagamoyo et Mpouapoua (8° de latitude sud). Le roi d’Irantouni avait longtemps habité Paris. Il en avait rapporté douze lances d’allumeurs de réverbères dont il avait armé sa garde royale, et une quantité énorme de ces paysages peints en