Page:Tristan Bernard - Contes de Pantruche.djvu/52

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une trentaine de messieurs s’ils n’étaient pas M. Penpenny. Or personne, décidément, ce soir-là, ne portait ce patronyme, à la vérité peu répandu.

À dix heures, M. Flan quitta tristement sa table. Un peu d’absinthe, au fond de son verre, avait pris l’air honteux d’un apéritif attardé.

M. Flan avait faim, et tous ses amis avaient déjà dîné. Il s’aperçut qu’il était en habit et dans une excellente tenue pour un bal de mariage. Il se rendit dans un bel hôtel et choisit le bal du premier étage qu’il pensa être le plus opulent.

Il fut salué à son entrée par un vieux monsieur bourbonien et par la mère d’un des conjoints, une dame trapue, qui exposait un grand déploiement de velours noirs, une aigrette de diamants, un bel édifice de cheveux, et deux mamelles fécondes.

M. Flan était très réservé dans ses salamalecs, surtout avec ces gens qu’il ne connaissait pas et qu’il comptait bien ne jamais revoir, à moins que le hasard ne l’amenât précisément au mariage de leur seconde fille. Il se dirigea sans trop de hâte vers le buffet.

À l’une des extrémités de la longue table chargée de victuailles, il se fit servir un consommé, voire deux consommés, et deux verres de champagne. Puis il se rendit à pas comptés à l’autre bout, où il but dignement trois autres coupes de champagne, tout en mangeant sept ou huit sandwiches.