Page:Tristan L’Hermite - Les Amours de Tristan, 1638.djvu/125

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Mais les ſoins d’vn Mary que la melancholie
Portoit a des excéz de rage & de folie,
        Seruoit à me piper :
Car ſi l’accez faſcheux de cette ame indocile
        M’euſt eſté plus facile,
Ie n’euſſe pas esté ſi facile à tromper.

Voyant qu’il la tenoit touſiours ſoubs la ſerrure,
Ie creus aimer en elle vn corps que la Nature
        Eust formé pour les Dieux.
Mais tel que ces ſorciers il ſe fait recognestre
        Qui deſceus par leur Maistre
Font de feuilles de cheſne vn Threſor precieux.

Qu’il ne s’afflige plus quand on s’approche d’elle
Et que les nuicts qu’il paſſe à faire ſentinelle,
        Il penſe à repoſer :
Car le mal qu’il ſe donne auec ſa vigilance
        N’eſt point ſon aſſeurance ;
Pour la conſeruer mieux il deuroit l’expoſer.

Il nourrit nos deſirs auec ſa ſotte crainte :
C’eſt la faire eſchaper que la tenir contrainte