Page:Tristan L’Hermite - Les Amours de Tristan, 1638.djvu/143

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce beau Soleil dont les apas
Sont d’vne grace ſans ſeconde,
Ne ſe releuera donc pas
Auec le bel Aſtre du Monde.

Ses beaux yeux ſont dont en priſon,
Leur paupiere eſtant abaiſſée :
Las ! il eſt iour en l’Oriſon,
Mais il est nuict en ma penſée.

Deſia cette extréme rigueur
Deſtruit en ſes beautez diuines
Les viues roſes dont mon cœur
Conſerue ſi bien les eſpines.

Dieux, vous eſtes bien inhumains
D’oſer luy faire tant d’outrages ;
Pouuez vous mettre ainſi les mains
Sur le plus beau de vos ouurages ?

Mais pour voſtre contentement
Eſtans jaloux comme vous estes,
Elle ſçait trop parfaictement
Repreſenter ce que vous faites.

D’vn art qui n’a point de pareil
Elle fait trop bien la peinture,
Du Ciel, du Iour, & du Soleil,
Des ruiſſeaux & de la verdure.