Page:Tristan L’Hermite - Les Amours de Tristan, 1638.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


PLAINTES
D’ACANTE.

STANCES.



VN iour que le Printemps rioit entre les fleurs,
Acante qui n’a rien que des ſoucis dans l’ame,
Pour fleſchir ſes deſtins faiſoit parler ſes pleurs,
      Humides teſmoins de ſa flame ;
Et ſe repreſentant les rigueurs d’vne Dame,
      Sembloit vn morceau du rocher
Sur lequel ſes penſers le venoient d’atacher.

Quand par l’eau de ſes pleurs ſon cœur fut alegé
De l’humeur qui tenoit ſes puiſſances contraintes ;
D’vne parole baſſe, & d’vn teint tout changé,
      Il ouurit la bouche à ces plaintes,
Par qui ſes paßions ſont aſſez bien dépeintes,
      Car ignorant qu’on l’eſcoutoit,
Il diſoit à peu prés tout ce qu’il reſſentoit.