Page:Tristan L’Hermite - Les Amours de Tristan, 1638.djvu/175

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Soleil, depuis le temps que portant la clarté
Tu diſpenſes par tout la chaleur & la vie,
Viſitant l’Vniuers, voy tu quelque Beauté
      De qui l’eſclat te face enuie
Comme font auiourd’huy les beaux yeux de Siluie ?
      Et deſſous l’amoureuſe loy
Cognoy tu quelque Amant plus mal traité que moy ?

Depuis que ie la ſers, les Cieux m’en ſont teſmoins,
Les ſoupirs & les pleurs ſont mes ſeuls exercices ;
Mais l’ingrate qu’elle est, rebute tous mes ſoins
      Et ſe rit de tous mes ſupplices,
Et le reſſentiment de tant de longs ſeruices
      Ne ſçauroit porter ſon orgueil
À tourner ſeulement les yeux vers mon Cercueil.

Cruelle, à qui mes maux ne font point de pitié,
Et que par mes deuoirs ie rens plus inhumaine ;
Obiet, dont mon amour acroiſt l’inimitié
      Et qui vous moquez de ma peine,
M’ayant reduit au point d’vne mort ſi prochaine,
      Au moins, ſi vous ne me pleignez,
Conſiderez un peu ce que vous deſdaignez.