Page:Tristan L’Hermite - Les Amours de Tristan, 1638.djvu/176

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Ie ne ſuis point ſorty d’vn vulgaire Paſteur
Que l’on ait veu couuert de honte & de diſgrace,
Et ie me puis vanter ſans pareſtre menteur
      Que ie ſuis de fort bonne race ;
Mon Pere ſi fameux au meſtier de la chaſſe
      A ſouuent en ſes premiers iours
Estouffé de ſes mains des Lions, & des Ours.

Lors qu’vn nuage eſpais de Monſtres furieux
Vint deſſus nos troupeaux faire tant de rauages,
On luy veid employer son bras victorieux
      À dißiper ces grands orages.
Combatant pour ſauuer avec nos paſturages,
      La liberté de nos Autels ;
Il acquit en mourant, des honneurs immortels.

Auec aſſez d’ardeur ie marche ſur ſes pas,
Où la Gloire m’apelle en m’offrant ſon image :
N’y l’objet du peril, ny celuy du trespas,
      Ne font point paſlir mon viſage.
Et la valeur en moy croiſſant auecque l’âge,
      Ie n’ay jamais rien redouté
Si ce n’eſt ſeulement voſtre inhumanité.