Page:Tristan L’Hermite - Les Amours de Tristan, 1638.djvu/183

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Cette colation ne ſe paſſeroit pas
Sans qu’on vous fiſt oüir quelque douce harmonie :
Philomele ſans doute ayant vû vos apas,
      Voudroit flater leur tirannie :
Et mettroit en oubly la brutale manie
      Qui cauſe ſes afflictions,
Pour dire vn air nouueau ſur vos perfections.

Vn grand baßin de Cedre artistement graué
Dont l’ordre est merueilleux autant qu’il est antique,
Vous feroit admirer quand vous auriez laué,
      Les traits d’vne hiſtoire ruſtique ;
Monſtrans ſous quelle forme & par quelle pratique,
      Vertumne autrefois ſçeut charmer
Celle qui comme vous, ne pouuoit rien aimer.

Il semble que Pomone eſcoute auec plaiſir
Les ſubtils argumens qu’il tire de ſa flame ;
Et que cét amoureux, cache vn ieune deſir
      Souz le teint d’vne vieille femme :
Tandis qu’il exagere auec beaucoup de blâme
      Ce courage dénaturé
Pour qui le pauure Yphis mourut deſesperé.