Page:Tristan L’Hermite - Les Amours de Tristan, 1638.djvu/87

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Vn iour Venus auec Anchiſe
Parmy ſes forts s’alloit perdant,
Et deux Amours en l’attendant,
Diſputoient pour vne ceriſe.

Dans toutes ces routes diuines
Les Nymphes dancent aux chanſons,
Et donnent la grace aux buiſſons
De porter des fleurs ſans eſpines.

Iamais les vents ny le tonnerre
N’ont troublé la paix de ces lieux,
Et la complaiſance des Dieux
Y ſourit touſiours à la Terre.

Croy mon conſeil, chere Climene,
Pour laiſſer arriuer le ſoir
Ie te prie allons nous aſſoir
Sur le bord de ceſte fontaine.

N’oy tu pas ſouſpirer Zephire
De merueille & d’amour attaint,
Voyant des Roſes ſur ſon teint
Qui ne ſont pas de ſon Empire ?

Sa bouche d’odeur toute pleine
A ſoufflé ſur noſtre chemin,
Meſlant vn eſprit de Iaſmin
À l’Ambre de ta douce haleine.