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LE FLEUVE NATAL

À François Fabié.


I


Viens ! » me disait mon père, et, ma main dans la sienne,
Nous descendions tous deux vers le grand fleuve pur ;
— Ô jeunes souvenirs en ma mémoire ancienne ! —
« Viens, petit, allons voir le Rhône ! » et son pas sûr
Par la côte et le val soutenant ma démarche,
Le père avec l’enfant allaient au patriarche,
Au vieux roi de la plaine, au fier lion en marche,
Au lion à la peau d’azur.


II

Et dans chaque visite au voyageur sublime,
Inconscient captif par les flots retenu,
Je sentais déjà naître en ma cervelle infime
Le désir d’un grand rêve et d’un grand inconnu.
Ces abîmes tout bleus prenaient ma tête blonde,
Et mon âme dès lors s’en allait vagabonde
Vers l’Idéal, lointain océan, mer profonde
D’où je ne suis plus revenu.