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IX

La fleur du mysticisme en étoile la berge,
Si l’on n’y cueille pas la fleur du « gai savoir » ;
Il garde, encor voisin de la montagne vierge,
Toute la pureté qu’il vient de recevoir
Du grand sommet, son père, et du grand lac, son hôte ;
Et grossissant toujours de tout ce qu’il leur ôte,
Le marcheur transparent là-bas descend la côte,
Des larges cieux large miroir.


X

Entre Alpes et Jura, murs de gauche et de droite,
Il court sous le rideau des peupliers. Parfois
La bordure des monts lui fait sa route étroite ;
Mais bondissant alors entre les deux parois,
Plus on veut l’attarder, plus il se précipite ;
Il brise en se jouant tout obstacle ou limite ;
Puis, sa robe de lin se déroule et palpite
Sous la chevelure des bois.


XI

Tantôt il est torrent, tantôt il est caresse,
Mais rapide toujours il baigne de ses flots
Là le fier Dauphiné, plus loin la molle Bresse,
Et ses bras en passant cueillent nombre d’îlots.
Il détruit quelquefois, mais plus souvent il crée ;
Il est sourire et vie à la terre altérée,
Et verse, bon géant, la goutte désirée
À tous les calices éclos.