Page:Trolliet - La Route fraternelle, 1900.djvu/123

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


S’agissait-il de vaincre aux tournois du courage,
Combien d’adolescents, dans ces vallons grandis,
Sur les pas de Bayard s’élançant d’âge en âge,
Vers la palme des preux levaient leurs bras hardis ?

Faut-il les nommer tous, depuis le connétable
Lesdiguières, debout sur son castel hautain,
Jusqu’à ce Miribel, dans son front redoutable,
Construisant l’échiquier des guerres de demain !

Et parmi les vivants, je ne cite personne ;
Mais vous, les morts d’hier, je ne vous tairai pas :
Marchand, Randon, Vinoy, dont le triple nom sonne
Comme un triple clairon au matin des combats !

Prix d’éloquence ! C’est à Mirabeau sans doute
Qu’il revenait de droit et qu’il fut décerné,
Mais l’aigle provençal plus d’une fois redoute
L’intrépide Barnave, aiglon du Dauphiné !

Prix de philosophie ! Il est votre partage,
Condillac et Mably, dont les nacelles sœurs
Sur les flots de l’Isère ont laissé leur sillage
Et l’ont aussi tracé sur le lac des penseurs.

Prix de diplomatie ! Un Servien, un Lyonne
Ont cueilli dextrement, double et subtil glaneur,
— Car ils savent glaner si Richelieu moissonne —
Sur un terrain glissant une gerbe d’honneur.