Page:Trolliet - La Route fraternelle, 1900.djvu/133

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Une mystique fleur lève en ce jeune sein
Pour la vie… et toujours, même aux heures fiévreuses,
Sous les pampres dorés des voluptés rieuses,
La fleur persistera du chaste Éliacin.

Puis, sous un chaud soleil, au pays des cigales,
Il s’en alla mûrir, afin qu’en ce beau fruit,
De tout le sol de France, harmonieux produit,
Du Nord et du Midi les parts fussent égales.

Il revient à la Ville, il entre dans la Cour,
À toute bouche aimée offrant sa grappe ardente,
Et des baisers de l’Art — ô jeunesse imprudente ! —
Aux baisers de la femme il passe tour à tour.

Mais, — fertile tourment déchirant sa poitrine !! —
Les larmes d’un poète en vain n’ont pas coulé ;
Et son cœur riche et plein, ô froide Champmeslé,
Jaillit sous tes pieds blancs en liqueur purpurine ;

Et Racine, à la table où Paris vient s’asseoir,
En ses drames fictifs servait un réel drame ;
Et le flot de ses vers, et le sang de son âme,
Débordaient de la scène ainsi que d’un pressoir.

Enfin, las et meurtri des profanes vendanges,
Dans la chrétienne paix il chercha le bonheur,
Et retourna fleurir aux temples du Seigneur,
Son automne pour Dieu, pour ses terrestres anges,