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III

Ô cortège de deuil, de grâce et d’harmonie !
Andromaque passant sous son crêpe éternel,
La pieuse Antigone et la tendre Junie,
Aricie au front pur, Phèdre au front criminel ;

Roxane meurtrière, Atalide meurtrie,
Rivales l’une et l’autre, et risquant toutes deux
Leur salut ou leur mort en quelque loterie,
Sur l’échiquier sanglant du sérail hasardeux ;

Iphigénie en pleurs, et pourtant magnanime ;
Et dans son morne exil aux cieux toujours voilés,
Vers le soleil natal et vers l’amour, Monime
Tendant ses bras divins, ses bras immaculés ;

Sur le corps de Pyrrhus, Hermione expirante,
— Elle l’aimait vivant, l’adore assassiné —
Et la sombre Ériphyle à la fureur errante,
Parmi les vaisseaux grecs vrai tison déchaîné ;

Et, chef-d’œuvre accompli de vertus et de charmes,
L’amante de Titus triomphant de ses feux ;
Et le cœur plein de force, et les yeux pleins de larmes,
En mélodiques vers soupirant ses adieux ;