La tendresse à son tour visite son feuillage,
Et Roxane au balcon sent parfois sous sa main,
Des mots divins et doux le caressant sillage
Remonter « tout le long des branches du jasmin » ;
Et tandis que l’amour, oiseau subtil, s’y cache,
La chimère y suspend son splendide oripeau,
Et Cyrano mourant, son immortel panache,
Hautain comme un cimier, sacré comme un drapeau !
Ah ! pour ce fier panache où flotte une espérance
D’intrépide réveil et d’avenir vainqueur,
Pour ton cœur si français, la jeunesse de France
À toi, jeune comme elle, apporte tout son cœur.
Sous sa tunique, vois, la jeunesse s’approche,
Vibrante à ton appel et prête au bon combat ;
Et pour tout chevalier « sans peur et sans reproche »
Sentant à coups pressés sa poitrine qui bat.
Jette-lui tes beaux vers, pour qu’elle les savoure ;
Jette à ces affamés, bouches et cœurs ravis,
L’enthousiasme saint, l’honneur et la bravoure,
Tous ces fruits d’héroïsme à ton banquet servis.
Sois leur amphitryon, leur charmeur… et leur maître,
Car les Cyranos morts font d’autres Cyranos ;
À ton école exquise un artiste peut naître,
À tes mâles accents peut surgir un héros.
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