Page:Trolliet - La Route fraternelle, 1900.djvu/170

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LOUISE.

Oh ! mon frère !

RAOUL.

Oh ! mon frère !Et plus tard j’aurai cette espérance,
Qu’après les pleurs, qu’après les longs jours douloureux,
Elle est sans doute heureuse auprès d’un fils heureux.
Qu’elle s’en aille donc, ainsi qu’elle est venue ;
Sa faiblesse d’un jour ne sera pas connue,
Et l’œil du voyageur demain ne pourra pas
Retrouver sur ce seuil la trace de ses pas.
Moi seul je garderai, dans mon âme meurtrie,
Le souvenir sacré de l’absente chérie,
Et par ce sentiment, chaste et tout fraternel,
J’essaierai d’adoucir mon martyre éternel,
En attendant qu’au ciel nos âmes réunies
Puissent goûter enfin les amours infinies !

Il la prend doucement par la main et la reconduit vers la porte en lui disant :
Adieu, chère âme !
LOUISE, les yeux en pleurs.

Adieu, chère âme !Adieu pour la dernière fois !

RAOUL.

Tu pleures.

LOUISE, essuyant ses larmes.

Tu pleures.Je pleure, oui !… mais je pars !

Elle sort lentement et se soutenant à peine. Raoul la suit du regard, puis, quand elle a disparu, il tombe accablé sur la chaise.