Page:Trolliet - La Route fraternelle, 1900.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LES DEUX LIGNÉES

À Monsieur et Madame Delzant.


I


Et Jésus dit : « Remets ton épée au fourreau :
Qui du glaive usera, périra par le glaive. »
Et le glaive pourtant a besogné sans trêve,
Et l’homme, tour à tour, fut victime ou bourreau.

Et Calvin, ce penseur, et Montluc, ce héros,
Des mêmes cruautés servent Rome ou Genève :
Et le brouillard de sang qui, des autels, se lève,
De l’église ou du temple obscurcit les vitraux.

Le monde garde au flanc sa ceinture de haine,
Et d’anneaux en anneaux, meurtre à meurtre, la chaîne
Va du sombre hérétique au rouge inquisiteur ;

Et cependant qu’entre eux la guerre s’éternise,
Ô doux maître incompris, ô pacificateur,
Ton cœur, de siècle en siècle, au calvaire agonise.