Page:Trolliet - La Route fraternelle, 1900.djvu/34

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Et c’est pourquoi le Livre en fidèle interprète,
Nous parlant de Jésus, nous parle aussi de toi ;
Et le musicien, près du divin poète,
Eut place en notre amour comme dans notre foi.

Nous revoyons tes eaux comprenant son sourire,
Et quand les vents du ciel te courrouçaient parfois,
Sa majesté tranquille aplanissant ton ire,
Et les pêcheurs tremblants rassurés à sa voix ;

Tes poissons, pour nourrir les pâles multitudes,
Aux mailles du filet retenus prisonniers,
Et, muets serviteurs de ses mansuétudes,
Constellant tout à coup les corbeilles d’osiers ;

Et sur tes riches bords la vie industrieuse,
Le gai Capharnaüm, la douce Magdala,
Et d’autres cités sœurs la couronne rieuse,
Fleurons dont ton écrin jadis étincela ;

Et tendant sa corolle à ton eau cristalline,
Le lys des champs voisins, plus beau que Salomon,
Et, dévalant vers toi, la montagne ou colline,
Où le monde entendit le merveilleux Sermon !

Et le monde est depuis coutumier de tes ondes ;
Et ton lointain ovale avec ses fins contours,
Est tracé dans nos cœurs, intimes mappemondes…
Sans t’avoir jamais vu, je t’ai connu toujours.