Page:Trolliet - La Route fraternelle, 1900.djvu/35

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Ô lac prédestiné — ta forme est d’une harpe —
Calice musical, innombrable chanteur,
Israël à son flanc te portait en écharpe
Pour qu’on y vînt jouer l’hymne annonciateur ;

Pour qu’un divin passant te jetant au passage
Toujours la même note : « Aimez-vous, aimez-vous ! »
L’avenir entendit à jamais le message
Répété sur tes flots inoublieux et doux.

Lac qui donnas la vie et rénovas l’histoire ;
L’univers se mourait dans sa fange enlisé.
Tu fus le bain sauveur et purificatoire :
C’est Dieu qui l’a guéri, mais tu l’as baptisé.

Humble commencement de la source en voyage
Qui, s’ouvrant un rapide et débordant chemin,
Devait bientôt couvrir, sans borne et sans rivage,
De ses flots rajeunis tout le vieux genre humain ;

Humble mer d’où partit, monté par un pilote
Et les Douze, un esquif, navicule d’amour,
— Mais l’ancienne flottille est aujourd’hui la flotte,
Et le fragile esquif du monde a fait le tour ! —

Pourquoi nous souris-tu d’une fraîcheur si neuve,
Et pourquoi n’est-il pas, sous le ciel vaste et pur,
D’océan magnifique et de superbe fleuve
Qui me semble aussi beau que ta coque d’azur ?