Page:Trolliet - La Route fraternelle, 1900.djvu/37

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Quelle cité du grand Homère
Fut le berceau ? Ne cherchez pas,
Car c’est l’onde qui fut sa mère ;
Et de la naissance au trépas,
Il ramassa, le long des plages,
Des rêves ou des coquillages
Pour bâtir, féeriques palais,
L’Iliade avec l’Odyssée,
Double architecture laissée
Par ce marin sur les galets.

Un tout petit golfe illumine
L’histoire entière de l’Hellas ;
Éteignez ce nom : Salamine !
Et dans la cité de Pallas
Du coup s’éteindrait une étoile.
Eschyle en sa tragique toile
Mit le sourire des flots bleus…
Et des frêles Océanides,
Vers le Titan aux fers rigides,
Montait le doux vol onduleux !

La fleur des eaux… c’est une Idée.
Le cap Sunium vit, dit-on,
Sur la grève d’azur brodée,
La république de Platon,
Grandir, lumineuse et fragile.