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Au sein des sombres mers. Le Gange
Raconte aux brahmes accroupis
L’hymne Védique intarissable ;
Et le Nil fait jaillir du sable
Les grands sphinx près des grands épis.


III

Mais toutes ces eaux-là, toutes ces vastes urnes
Versant aux fils de Sem, de Cham ou de Japhet
Les inspirations claires ou taciturnes,
Ne sauraient te valoir, lac de Génésareth.

Amphores au grand col, où burent tant de lèvres,
Elles tentaient leur soif sans l’étancher jamais ;
Breuvages décevants pour les brûlantes fièvres,
Elles versaient un philtre… et tu verses la paix ;

Car l’amour égoïste ou l’orgueil éphémère
Au clavier de leurs flots ont tour à tour chanté ;
Mais sur toi, brise douce en cette vie amère,
Un souffle se leva d’immortelle bonté ;

Une fleur émergea de ton eau calme et lisse,
Pour tous épanouie, et non pour quelques-uns,
Mystique nénuphar au bienfaisant calice,
Emplissant l’univers de suaves parfums.