Page:Trolliet - La Route fraternelle, 1900.djvu/41

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De ces larges cours d’eaux à la sonore grève,
Neuf Muses au front blanc sortirent tour à tour ;
Mais de tes flots obscurs une étoile se lève,
L’étoile d’Amour vrai, d’incomparable Amour.

Tu n’es qu’humilité quand ils n’étaient que gloire ;
Mais un immense espoir jaillit de tes roseaux,
Et dans ton pur bassin vient également boire
L’âme des nations ou le bec des oiseaux.

Leurs pêcheurs poursuivaient sous les fuyantes lames
La perle d’émeraude ou le poisson d’argent,
Mais aux tiens quelqu’un dit : « Soyez des pêcheurs d’âmes ! »
Et Pierre demeura pensif ainsi que Jean.

Leurs matelots hissaient des pavillons superbes,
Mais n’entrevoyaient pas le port spirituel ;
Une barque sur toi glissait entre les herbes,
Lorsqu’une voix cria : « Nous cinglons vers le ciel.

« En vérité, je vous le dis, c’est vers le Père
Qu’il nous faut désormais tourner le gouvernail ;
C’est là qu’est la patrie et le point de repère,
Courage, mes brebis, nous allons au bercail.

« Courage, mes agneaux, dont la souffrance crie,
Vous tous, les mendiants, les boiteux, les lépreux,
La maison de mon père est une bergerie
Ouverte aux affamés ainsi qu’aux douloureux.