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III

Une autre ascension et d’autres harmonies
Tentaient la voyageuse avec le voyageur
Qui gravissaient, épris des doux et fiers génies,
Le coteau du Poète et le mont du Penseur.
Nous lûmes recueillis au livre de sagesse
Où des plumes de cygne et d’aigle avaient écrit ;
Et vers leurs mots dorés, astres de ma jeunesse,
Mon esprit guida votre esprit.


IV

Mais nos larmes, parfois, en baignèrent les pages…
Et comme des anneaux d’invisibles colliers,
Une à une perlant sur nos pâles visages,
Ce sont elles surtout qui nous tiennent liés
De leurs brûlants replis et leurs tendres spirales.
— La chaîne indissoluble est la chaîne des pleurs ! —
Nous goutâmes au miel des pitiés sororales,
Ma douleur baisant vos douleurs.


V

Nous goutâmes au miel des pitiés secourables ;
Et pauvres tous les deux nous avons trouvé doux
De nous rejoindre au seuil des logis misérables,
Et de rendre visite aux plus pauvres que nous.
La Charité passait : nous n’avions qu’à la suivre ;
Et dans son escarcelle au tintement humain,
— Parmi les pièces d’or tombaient nos sous de cuivre —
Ma main rencontra votre main.